L’ère Primo de Rivera, le “primorivérisme” veut-il dire autoritarisme ?


Et si on faisait un petit bon dans le passé, avant l’ère du franquisme par exemple, que s’est-il passé ? Parlons tout d'abord de la nuit du 12 au 13 septembre 1923 où le général Miguel Primo de Rivera, avec l’appui de la plupart de la hiérarchie militaire, soulevait la garnison de Barcelone et déclarait l'état de guerre et la suspension de la Constitution. Mais en réalité, qui était ce nouvel homme fort de l’Espagne ? Que voulait-il véritablement ? Etait-il comme tous les autres dictateurs européens, comme Franco ? 



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En réalité, ce qu’il faut savoir, c’est que le “primorivérisme” n’était pas un fascisme. Pourquoi ? Parce que, certes, les uniformes et jusqu’à un certain point le vocabulaire ont été importés de l’Italie du dictateur Mussolini, mais non l’idéologie qui procède plutôt du catholicisme social, du régénérationnisme d’un Costa et du maurisme. Dans l’Espagne des années 20, on parlera plutôt de “dictature régénérationniste” dans laquelle Primo de Rivera justifiait lui-même son règne par un désir de combattre les vices de la « vieille politique » oligarchique. Cependant, même si ce dernier se situait dans la lignée du libéralisme du XIXe siècle, son influence se mêlait étrangement à l’autoritarisme. A mesure que passait le temps et que croissait l’opposition, la dictature penchait de plus en plus à droite et ressortait les vieux procédés répressifs. Mais au début, tant par inclination personnelle du dictateur qu’en raison de l’approbation tacite des Espagnols, le pays n’avait pas eu à souffrir de la répression et la censure systématique qui accompagne ailleurs l’avènement de ce type de régime.

En effet, si le lecteur espagnol avisé trouvait des évidences, le lecteur français, lui, ignore la dictature militaire du général Primo de Rivera, qu’il range trop vite dans la catégorie « autoritarisme » ou « fascisme », alors qu’en fait, elle serait avant tout une expression du prétorianisme, de la prise en charge de l’économie et de la politique nationale par une partie de l’armée malgré les tendances répressives suivantes du dictateur. Même si cela est en train d’évoluer, les programmes universitaires et scolaires, les sujets de thèses déposés laissent à croire que l’Espagne, au xxe siècle, n’a connu que les conséquences désastreuses de 1898, la iie République, la Guerre Civile, le franquisme et la Transition démocratique, et aussi l’histoire « immédiate » ou « présente ». Comment se fait-il donc que, dans l’hispanisme français, il y ait eu si peu d’intérêt pour la seconde moitié de la Restauration et la Dictature de Primo de Rivera en tant que période historique ? Aucun français à ma connaissance n’a cherché à examiner cette dernière dans sa totalité, comme si la répulsion idéologique envers ce type de régime lui retirait toute importance dans l’histoire de l’Espagne.

Ainsi, la dictature du général Primo de Rivera se retrouve souvent affublée des étiquettes de « prolégomène au franquisme », « pâle copie du fascisme italien » ou encore « écho de l’esprit de Napoléon III ». Et pourtant, aucunes de ces périodes historiques ne se ressemblent véritablement. Il faut creuser plus loin, et cela même avant l’ère du franquisme, pour comprendre la complexité de ces régimes. Parce qu’au final, tout est lié. En fait, c’est sûrement par cela que le peuple Espagnol aurait dû commencer pour retrouver son identité collective et donc une mémoire historique unifiée. En espérant, au fil de de mes différents articles, vous avoir aidé à clarifier la situation de L’Espagne quant à son passé historique, je vous laisse méditer sur ces dernières phrases.

Pour en savoir plus sur l’ère du “primorivérisme”, voici cette vidéo ludique en guise de résumé :




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